Sur une place de terre battue, trait d'union entre deux quartiers, au centre d'un enclos, un énorme tas de braises incandescentes, aboutissement d'un immense bucher allumé bien des heures avant.
Les servants offrent une dernière prière à Durga, la divinité de ce feu purificateur, avant de procéder à la mise en forme du tapis de braises.
Poussière et insupportable chaleur, la fierté et l'honneur de
ces hommes choisis ...
Pendant ce temps les marcheurs arrivent, préparés de longue date et concentrés, s'alignant dans un étroit corridor.
La piste de braises est prête, le jour commence à baisser, c'est
le calme avant la tempête
Première montée en pression, l'arrivée de deux idoles
placées en bordure de lice.
Par leur présence, elles annoncent l'ouverture prochaine de la marche.
Un
quart d'heure plus tard, alors que le jour est en train de tomber,
c'est l'explosion, un inimaginable tourbillon de tension, de cris, d'énergie
collective ...
surgi au terme d'une longue marche, un dévot porteur d'une lourde tiare
de fleurs pénètre dans l'enceinte et va ouvrir la Marche du
Feu ...
Canalisant la pulsion collective de tous les marcheurs et contrôlant
à bras le corps
les jaillissements intempestifs, accueillants les marcheurs à la sortie
du tapis de braises, les
servants forts d'une vigilance sans faille assure la sécurité
de tous.
Durant plus d'une heure, près de deux cents marcheurs vont se succéder.
La traversée se fait parfois -souvent, même- avec son enfant
dans les bras ou sur les épaules. Les jeunes sont particulièrement
épaulés et certains servants traversent près d'une dizaine
de fois jouant ainsi le rôle de parrain pour des ados dont c'est la
première Marche.
La traversée du feu avec des citrons confèrent
à ceux-ci un pouvoir sacré et médicinal, aussi tous traversent
avec,
certains
avec un gros sac plein.
En cet instant la chaleur est terrible, le pot à eau servant à
refroidir les manches des outils pour qu'ils ne prennent pas feu.
Dans
leur "enclos" les marcheurs, le corps enduit de poudre de tamarin,
parés de fleurs et vêtus de couleur jaune, restent concentrés
dans leur longue attente.
Tous
ces corps, tous ces visages, tous ces sourires ... quel rêve pour un
photographe !
Arrive
le grand moment ... plus le temps de réfléchir, il faut plonger
... le photographe comme les marcheurs, même tension, même énergie
qui emporte tout ...
Premier
pas sur les braises vierges ...
Puis les autres suivent, longue procession dans laquelle chaque traversée est une histoire différente.
Marcheurs
sur le Feu ou Esprits dansants du Feu ?
C'est
fini ... un étrange calme envahie les lieux, un apaisement collectif
... juste le sifflement de la vapeur d'eau des récipients vidés
sur les braises encore rougeoyantes.
Les photos ont été prises à l'occasion de plusieurs Marches sur le Feu qui ont toutes eu lieu à Utialpet dans la proche banlieu de Pondichéry en janvier 2008, 2009, 2011 et 2012.
Les
photos ont été prises avec un Nikon D300 et les objectifs 17-55mm
et 70-200mm sans flash.